Ah, enfin un dessin animé qui se moque des règles établies, principalement celles de Disney !
En effet, même si le scénario pourrait de loin laisser croire à une fable bien classique, il n'en est rien : Shrek est un affreux ogre vert, vivant tranquillement dans son marais, seulement dérangé par des paysans qui viennent périodiquement avec des piques et des fourches pour l'embrocher. Mais le vrai changement arrive quand son territoire se retrouve rempli de créatures tirées des contes de fée, bannies de tout le pays par le méchant Lord Farquaad. L'une d'entre elle se révèle particulièrement collante : un âne plus que pipelette, qui va se décrèter son compagnon. Afin de regagner sa tranquillité, Shrek va conclure une alliance avec Farquaad : en compagnie de l'âne, il va aller délivrer la belle
princesse Fiona, prisonnière d'un lointain château gardé par un dragon, et destinée à épouser le lord. Mais personne n'est au bout de ses surprises...
Déjà, il faut noter le côté technologique de Shrek : les images de synthèse sont très belles, surtout les paysages, mais les personnages soient encore loin du 'photo-réalisme' comme ce qui est promis dans Final Fantasy (leurs mouvements sont toujours un peu raides). Mais bon, pour Shrek, sa morphologie épaisse et sa peau luisante collent
parfaitement avec ces défauts, on n'y fait pas attention.
Au niveau de la forme, les doublages sont tout à fait réjouissants (il paraît que c'est aussi très bien en VF), avec en particulier Eddie Murphy dans le rôle de l'âne à la langue bien pendue, et à l'accent venant tout droit des banlieues américaines, ou Cameron Diaz faisant la voix de Fiona. Enfin, la musique est d'excellente qualité, du pur rock des années 70, avec les personnages chantant eux-même certains passages.
Quant au fond, on avait rarement vu un film d'animation aussi ironique. Bon, il ne va quand même pas à contre-courant au point de mélanger les gentils et les méchants, on reste dans un bon vieux manichéisme où les gentils gagnent à la fin ; mais le film est plus un plaidoyer pour les laissés-pour-compte, ceux qui sont rejetés parce que différents, donc dérangeants. Et puis il y a aussi toute la partie ouvertement moqueuse des habitudes des contes de fée traditionnels, et plus particulièrement de Disney : des petites marionnettes nous font même comprendre, par
une chanson débridée, qu'un parc Disneyland est un royaume que l'affreux Farquaad considèrerait comme parfait, où des gardes disent à la population quand ils doivent applaudir ou pleurer... Et puis, la princesse n'hésite pas à roter et sait se défendre toute seule (et un hommage de plus à Matrix, un !), le dragon est une femelle qui tombe amoureuse de l'âne, etc. Personne n'est épargné, les anachronismes et les références culturelles abondent, bref les réalisateurs s'en sont donné à coeur joie, pour notre plus grand plaisir !
Bref, un film d'animation réjouissant, écrasant au passage toutes les règles établies, et qui fera rire toutes les générations !