Et oui ! Si je parle, c'est que je ne peux pas me taire ! Je me dois de révéler au monde les parcelles de vérité qui nous été enseignées avec magnanimité par notre Maître S.I. Ce dernier a en effet daigné, dans son infinie et suprême bonté, s'abaisser à nous faire part à nous autres, pauvres êtres mal-aimés, de lumières que nous nous devons de répandre à travers l'univers, tels les prophètes infatiguables de Muad'Dib, afin qu'un règne de paix s'abatte enfin sur le monde, et que tous puissent avoir accès à la vérité ultime...
Certains me reprocheront d'avoir voulu représenter par des mots - O hérésie - ce que peu d'esprits humains peuvent espérer comprendre... Mais j'implore leur pitié ! Comprenez-moi ! Comment ne pas parler ? Ne pas partager ces trésors qu'on m'a moi-même inculqués ? Ce serait une insulte que je leur ferais, ce qui me paraît impensable...
Est-ce à cause de cette force si grande qui émanait lors de ses cours ? Ou du poids de ces vérités si lourdes que je sentais peser sur mes frêles épaules ? Ou tout simplement de la peur d'apprendre des secrets encore plus terrifiants ? En tout cas, j'ai renié mon Maître, je me suis soustrait de plein gré à son enseignement pour suivre la voie maudite du Khaï, et voir mon esprit corrompu par les délices faciles que l'on peut y trouver... Bref, peut-être est-ce le remord d'un péché consommé qui me pousse au repentir et à l'écriture, pour essayer de racheter de manière insignifiante mon éternelle erreur... En tout cas, voici quelques unes de ces choses fantastiques qui nous ont été apprises...
Théorème des CIR |
Deux C.I.R. sont toujours alignés. Pour les ignares, sachez qu'un C.I.R. est un Centre Instantané de Rotation, autrement dit un point... |
Théorème du produit vectoriel |
Un produit vectoriel de deux vecteurs est nul si, et seulement si, l'un des deux vecteurs est nul. Ce qui explique pourquoi il y a toujours au maximum un seul vecteur non nul dans une base orthogonale de R^3 par exemple. |
Théorème de G. |
2^(2^n) = 2^(2*n) Autrement dit, vu que la fonction 2^x est une bijection de R dans R+ : 2^n = 2*n. Ce thérorème a été le premier à nous être révélé. Cependant, si je termine par lui, c'est tout simplement parce que son intensité aveuglante le place loin au-dessus des précédents. D'ailleurs, je dois dire que beaucoup sont ceux d'entre nous qui ont chuté, incapables de survivre à un tel choc sans y avoir été préalablement préparés, comme vous allez pouvoir le constater. En fait, après deux ans de recul, je crois pouvoir l'affirmer : notre Maître, par ce coup puissant, a voulu nous soumettre à une épreuve, dont seuls ceux qui y survivraient seraient déclarés dignes de devenir ses disciples. C'était à la fois terriblement audacieux et terriblement dangereux, aucun des témoins de la scène ne pouvant déclarer ne pas avoir de stigmates... Comme un pied de nez lancé à l'infini, une grimace à la roue aveugle du destin... Que ce serait-il passé si nous avions tous trépassé ? Et c'est là qu'on peut comprendre toute l'intensité de sa foi, son espoir fou qu'il y ait parmi nous des Elus, des personnes à qui il pourrait en toute confiance confier des secrets, dont bien des mortels trembleraient rien qu'en entendant prononcer le nom ! (Décor : le Maître, qui n'a que commencé à se révéler à nous, nous dévoile ce qu'est un tableau de Karnaugh) (Attention, c'est là que se glisse toute la subtilité, la petite graine planté dans un vaste champ avec l'espoir de la moisson...) Le Maître : Ce tableau a évidemment 2^(2n) états possibles. (La réaction suivante montre à quel point l'élève assis au fond de la classe est déjà perdu pour la SI, n'est-ce pas Laurent ?...) Elève : Excusez-moi, mais il y en a plutôt 2^(2^n)... Le Maître : Euh... Mais non voyons, réfléchissez deux secondes ! Elève (auquel se sont joints quelques autres éléments perturbateurs) : Je me permets d'insister, il y a 2^n lignes, et pour chacune il y a... Le Maître : Ca suffit ! D'ailleurs, ça revient au même, c'est évident. Elèves : Vous voulez dire que 2^(2n) = 2^(2^n) ? Ca paraît un peu osé... Le Maître : Incapables de croire sans voir... Regardez : 2^(2*1) = 4 = 2^(2^1). Ah, vous voyez ! Elèves : Mais ça ne prouve rien ! Le Maître : Une telle réticence face à la vérité... Regardez encore : 2^(2*2) = 16 = 2^(2^2) ! Elèves : ... Le Maître : Ca suffit ! Espèrons que vous aurez enfin appris quelque chose... |